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A moy que chault!

Les banques cassent les tirelires

24 Novembre 2021, 10:43am

Publié par amoyquechault.over-blog.com

Chaque jour, ou presque, nous donne une nouvelle occasion de constater que le capitalisme financier – qu’on nous présente comme l’horizon indépassable et sans alternative de l’économie – est en réalité un système totalement artificiel, profondément injuste et véritablement ubuesque.

Ainsi, à la suite de la récente publication des résultats trimestriels de BNP Paribas, on a pu découvrir que la banque avait réalisé un rachat d’actions de 900 millions d’euros. Cette opération consiste pour une société à racheter ses propres titres afin de les détruire ensuite dans le but de favoriser ses actionnaires. En effet, le capital et le nombre d’actions ayant diminué, le bénéfice par action augmente et le cours de Bourse monte. C’est une façon détournée de rétribuer les actionnaires en plus des traditionnels dividendes annuels.

Ces 900 millions d’euros offerts aux actionnaires ont suscité l’accablement et la grogne des employés de l’entreprise qui, pour leur part, viennent péniblement d’obtenir une ridicule augmentation de salaires de 0,6 % sur un an.

Cette pratique du rachat d’actions est loin d’être une spécificité de BNP Paribas, l’ensemble des grandes institutions financières françaises s’y adonnent, après une courte pause causée par la crise sanitaire. Ainsi, le Crédit agricole SA y a consacré cette année 560 millions d’euros, le réassureur SCOR plus de 200 millions, Axa 1,7 milliard et la Société générale 470 millions alors que dans le même temps elle a annoncé la suppression de 3 700 postes entre 2023 et 2025 à la suite de sa fusion avec le Crédit du Nord. Encore une fois, il est démontré que le capitalisme financier profite quasi exclusivement aux actionnaires et aux spéculateurs dont les revenus exponentiels se constituent au détriment des salaires et de l’emploi.

Ces rachats d’actions sont censés venir compenser l’absence de versements de dividendes pendant la crise sanitaire mais ces sommes dépassent de très loin celles d’un simple « rattrapage » et sont le signe d’une nouvelle « euphorie » (pas pour tout le monde…) du milieu de la banque et des assurances, qui a battu les prévisions les plus optimistes des analystes en matière de bénéfices.

Une euphorie qui pourrait n’être que de courtes durées, la fin des mesures étatiques de soutien à l’économie pouvant provoquer une hausse importante des faillites d’entreprises et une nouvelle crise si banques et assurances ont dilapidé leurs fonds propres et leurs liquidités. Mais peu importe pour le système financier puisque, entre-temps, les actionnaires auront pu une fois de plus se goinfrer et que, en cas de difficultés sérieuses, on appellera au secours, comme toujours, l’Etat – ce « si mauvais gestionnaire », selon les doctes libéraux – pour renflouer les caisses hâtivement vidées. Merveilleux système, n’est-ce pas ? Mais, de toute façon, « il n’y en a pas d’autre ». Il faut le croire puisque ce sont les actionnaires et leurs domestiques médiatiques qui nous le disent. •

Xavier Eman in Journal Présent