9 mai: Sébastien, présent!
Toutes les morts ne se valent pas. Toutes les « violences policières » non plus. Il y a celles qui suscitent l’émoi politico-médiatique et déclenchent le grand chœur des belles âmes et celles que l’on range dans la rubrique des « faits divers » sans presque en dire un mot. Il y a celles qui méritent d’être mises en scène dans une série télévisée (voir l’article de Louis Marceau en page 2) et celles que l’on préfère rapidement oublier. Il y a Malik Oussekine et il y a Sébastien Deyzieu, le second ayant eu la malchance et le mauvais goût d’être un Français de souche doublé d’un militant nationaliste, c’est-à-dire un paria, un « méchant » aux yeux malades de notre époque.
Sébastien Deyzieu a perdu la vie le 9 mai 1994, deux jours après avoir chuté du toit d’un immeuble de la rue des Chartreux sur lequel il était monté pour tenter d’échapper à des policiers, pour une fois particulièrement zélés, qui le traquèrent jusque-là. Les circonstances de sa chute restent encore peu claires aujourd’hui. Son crime : avoir voulu participer à une manifestation dénonçant « l’impérialisme américain », manifestation finalement interdite par la Préfecture sans que la majorité des participants n’en soit prévenue. Ne voulant pas se laisser arrêter par la maréchaussée arrivée en masse, Sébastien a tenté de s’échapper pour rentrer chez lui. Ce choix lui fut fatal. Il avait 22 ans. Il n’était ni un voyou, ni un dealer, ni un membre d’une quelconque minorité. Il n’était qu’un Français, rien qu’un Français. Au-delà du milieu militant patriote, sa mort n’intéressa donc personne. Pas de dénonciation vertueuse des excès policiers face à un acharnement pourtant clairement disproportionné, pas de demande d’enquête de l’IGPN, rien.
Mais ses camarades, eux, se souviennent et maintiennent avec ferveur, tous les ans, sous l’égide du Comité du 9-Mai, la flamme du souvenir.
Cette fois encore, ils étaient près de 400 à défiler, samedi dernier, pour honorer le militant disparu. Venus de toute la France et de toutes les « chapelles » de la droite nationaliste et identitaire, ils ont marché en cortège puis ont entonné Les Lansquenets avant de faire retentir ce cri de rage, de fraternité et d’espérance : « Sébastien, présent ! », en pensant, au-delà même de cette tragédie particulière, à tous ceux que l’engagement politique a conduits jusqu’au sacrifice suprême, à toutes les victimes, en France comme en Europe, de la répression ou de la haine « antifa ».
Cette commémoration revêtait également un caractère symbolique particulier à l’heure où Disneyland Paris – symbole s’il en est de l’impérialisme culturel américain – fête en grande pompe ses trente ans d’existence et semble désormais totalement intégré à l’imaginaire et aux loisirs de nos compatriotes.
Honorer la mémoire de Sébastien Deyzieu, c’est aussi se souvenir de ce contre quoi il combattait et poursuivre aujourd’hui une lutte identitaire encore plus urgente et impérieuse qu’à l’époque. Yankees go home ! Sébastien, présent ! •
Xavier Eman in Journal Présent