Les banques européennes accrocs aux paradis fiscaux
A chaque nouvelle crise économique et financière, qui plonge des pans entiers de la population dans le chômage et la précarité, on nous promet une oxymorique « moralisation du capitalisme ». Mais rien ne change. De la même façon, à chaque élection, on nous assure que l’on va enfin lutter efficacement contre le scandale de l’évasion fiscale et des « paradis fiscaux ». Et il ne se passe également jamais rien. Une impéritie (volontaire ?) des politiques une nouvelle fois démontrée par une étude publiée lundi par un bureau de recherche indépendant qui révèle que les banques européennes, malgré les beaux discours et les grandes promesses des uns et des autres, n’ont aucunement réduit leur présence dans les paradis fiscaux.
Rien n’y fait, les « affaires » (Panama Papers, LuxLeaks…) se succèdent mais les banques européennes continuent à investir leurs profits dans des pays plus ou moins exotiques à la fiscalité des plus complaisantes. Ce sont ainsi plus de vingt milliards d’euros qui sont placés chaque année dans les paradis fiscaux par les principaux établissements bancaires du continent. Une somme qui représente environ 14 % de leurs bénéfices globaux. Un chiffre qui n’a pas baissé depuis 2014. Les « paradis » les plus appréciés des banquiers sont les Bahamas, les îles Cayman, Jersey, Hong Kong et le Luxembourg.
Certaines banques se distinguent plus particulièrement dans cette stratégie d’évasion fiscale. C’est notamment le cas de la banque britannique HSBC qui investit pas moins de 62 % de ses bénéfices dans ces zones « d’optimisation » fiscale. Elle est suivie par l’italienne Monte dei Paschi avec 50 % des bénéfices échappant à la fiscalité locale. Pour la France, les chiffres sont moins élevés, légèrement inférieurs à la moyenne européenne, avec notamment la Société générale (13,8 %), le Crédit agricole (11,5 %) et BNP Paribas (7 %).
Une situation qui reste néanmoins aussi choquante que scandaleuse, représentant de considérables pertes de rentrées fiscales pour les Etats, à l’heure où les services publics sont sacrifiés « faute de moyens » et où le contribuable lambda, pressuré, ne peut, lui, échapper au matraquage de l’impôt.
Mais comment espérer une réponse effective et efficace de la part d’un personnel politique de plus en plus intimement lié au milieu des affaires dont il est bien souvent issu et où il retourne généralement pantoufler grassement une fois ses services rendus ?
Certains observateurs espèrent néanmoins que ces pratiques puissent être au moins partiellement limitées par la réforme de la fiscalité des multinationales en cours de finalisation sous l’égide de l’OCDE. On peut toujours rêver… •
Xavier Eman in journal Présent