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A moy que chault!

Grande distribution vs Compagnies de transport maritime

29 Septembre 2021, 12:08pm

Publié par amoyquechault.over-blog.com

Dans le monde merveilleux de l’économie libérale mondialisée, chaque acteur cherche à maximiser ses intérêts et ses bénéfices à court terme sans se soucier des autres protagonistes ni d’un quelconque intérêt général. Et, dans cette guerre de tous contre tous, on assiste régulièrement à des basculements de rapports de force. C’est aujourd’hui notamment le cas entre la grande distribution et les groupes de transports maritimes.

En effet, la grande distribution a longtemps bénéficié du faible coût du transport maritime lui permettant d’importer massivement de l’autre bout du monde des marchandises à très bas prix revendues par la suite avec des marges importantes. Elle ne s’est d’ailleurs jamais montrée très regardante sur les raisons expliquant ces coûts peu élevés (navires poubelles, marins exploités, normes sanitaires et environnementales non respectées, pavillons de complaisance…). Mais les choses changent aujourd’hui et les prix du fret maritime s’envolent, menaçant l’économie de la grande distribution. La situation est pour elle si préoccupante que Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique des centres E.Leclerc, demande une enquête parlementaire sur cette augmentation.

Michel-Edouard Leclerc évoque une augmentation des coûts de l’ordre de 85 % et affirme être « en mode combat pour qu’il n’y ait pas d’inflation dans les centres Leclerc ». Pour l’homme d’affaires cette hausse vertigineuse n’est pas normale et il met en cause les géants du transport maritime parmi lesquels on trouve l’armateur français CMA CGM.

Les hausses de coût concernent notamment l’approvisionnement en jouets dans la perspective de Noël et font même craindre une pénurie accompagnée d’un envol des prix. Face à cette situation, Michel-Edouard Leclerc dénonce un véritable « chantage sur le transport » dont feraient l’objet les réseaux de distribution. Un mauvais esprit verrait sans doute là un nouvel épisode de l’éternelle histoire de « l’arroseur arrosé », la grande distribution étant souvent accusée d’user des mêmes méthodes vis-à-vis de ses fournisseurs, notamment les producteurs et agriculteurs locaux, afin d’obtenir des prix toujours plus bas.

Quoi qu’il en soit, l’affaire est d’importance car elle touche à l’un des moteurs centraux du commerce mondialisé. D’ailleurs, aux Etats-Unis, l’administration Biden a chargé la FMC (Federal Maritime Commission) d’enquêter sur cette explosion des prix dont la raison principale est pourtant simple : privés de sorties et de loisirs du fait des diverses restrictions « sanitaires », les Occidentaux ont « compensé » en achetant en masse des produits en tous genres. Selon la logique libérale classique de l’offre et de la demande, les armateurs débordés, qui assurent 90 % du transport international des marchandises sur leurs porte-conteneurs, ont augmenté leurs prix, engrangeant pour 2020 presque 16 milliards de dollars de profit soit deux fois plus que leurs bénéfices cumulés des cinq dernières années.

Et si, face à cette course folle et à cette dangereuse dépendance, on commençait à mettre réellement en application les beaux discours sur le localisme et la relocalisation entendus aux débuts de la crise du Covid ?

Xavier Eman in Journal Présent