"Le jour où..."
Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours entendu cette expression : "le jour où....". Même quand j'étais tout minot, sans vraiment parfaitement comprendre, j'avais saisi que ce fameux "jour où..", il allait se passer des choses, plein de choses même... Du sérieux... On allait voir ce qu'on allait voir...
Le "jour où" me fascinait donc, perspective exaltante, aussi excitante qu'inquiétante, parce que, en attendant, il ne se passait pas grand chose... Je ne savais pas alors que le principe du « jour où.. » est d'être indéfiniment reporté, passant d'une échéance à l'autre, « du jour où les blancs seront minoritaires dans les classes », au « jour où on interdira le porc dans les cantines », au « jour où ça pétera vraiment dans la rue... », au « jour où les pédés pourront adopter », au « jour où on touchera à un cheveu de ma famille », au « jour où on ne n'aura plus le droit de sortir de chez soi sans autorisation... », au « jour où on nous interdira la messe », au « jour où des drapeaux étrangers flotteront dans les rues... »...
Je pensais que « le jour où... » était un cri d'éveil, c'était en réalité une berceuse.