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A moy que chault!

Après la haine, éradiquons la sexualité!

14 Octobre 2019, 18:49pm

Publié par amoyquechault.over-blog.com

Notre société post-orwellienne a décidé d'éradiquer la « haine », ce vilain penchant de la nature humaine, désormais fondamentalement incompatible avec le vivre-ensemble des temps harmonieux et apaisés dans lesquels nous avons la grande chance de vivre. C'est d'ailleurs en fort bonne voie. A grands coups d'emprisonnement d'historiens, de persécutions de vieillards, de procès inquisitoriaux, d'excommunications sociales, d'arrestations arbitraires, de propagande permanente, d'interdictions et de censures, les mauvaises pensées et sombres inclinaisons des hommes ont été extirpées une à une par les zélés - et forts méritants - serviteurs du camp du Bien. La haine est désormais en déroute. Cette victoire du progressisme bienheureux aura coûté le sacrifice des libertés de pensée et d'expression, mais chacun conviendra que c'est là un prix tout à fait dérisoire, ces dernières n'étant plus utilisées que par une poignée d'originaux peu recommandables.

Ce premier combat remporté, il est grand temps de passer à une nouvelle croisade de toute première importance : la lutte contre cette autre entrave à l'établissement du meilleur des mondes qu'est le désir sexuel.

Il est tout à fait évident que cet archaïsme chimico-biologique suscite un grand nombre d'effets négatifs, pour ne pas dire dévastateurs, dans l'existence des homo-consommateurs contemporains : frustration, insatisfaction, excitation, harcèlement, agressions, obsession, déceptions, fatigues, violence, suicides, plaisir désordonné, pertes de contrôle, comportements extravagants... toutes choses inacceptables pour un humanoïde moderne qui se doit de se débarrasser de son animalité primitive et oppressive.

La libido, voilà l'ennemi. Que de temps et d'énergie perdue pour le processus de production-consommation qui est la base fondamentale d'un société neutre et inclusive, asexuée et dégenrée.

La disparition du désir sexuel serait bien sûr également une grande victoire pour l'égalité universelle, supprimant de fait l'indigne mocho-boudinophobie.

C'est donc l'ensemble de l'espace collectif, privé comme public,qui doit devenir une gigantesque « safe place » où plus personne ne risquera d'être confronté à une sollicitation physique de quelque ordre qu'elle soit. Et peu importe le prétendu « consentement » qui n'est jamais qu'une mortifère résurgence d'une odieuse aliénation intériorisée... Quelqu'un qui dit oui, de toute façon, c'est quelqu'un qui n'a pas osé dire non, ou qui a dit oui en pensant non, ou qui a dit oui mais finalement constate qu'il aurait mieux valu dire non, ou qui était sous un « contrôle psychologique » le forçant à dire oui... Bref, c'est toujours une victime. Et nous voulons un monde sans victimes.

Cet objectif est d'autant plus atteignable que nous avons désormais la possibilité d'assurer la procréation minimale nécessaire au renouvellement du marché sans recourir à une quelconque interaction physique, si souvent synonyme de violence, de domination, d'obscénité et de dérèglement.

Les utérus artificiels sont la prochaine étape du bonheur humain, comme ont pu l'être la pilule et l'avortement, avancées remarquables s'il en est mais qui prenaient encore en compte l'absurde nécessité de la copulation. La société sans genre n'est qu'un passage sur le chemin de la Liberté, la démocratie des eunuques viendra la couronner.

Bien sûr, on peut regretter que ces extraordinaires progrès ne soient pour le moment appliqués qu'aux peuples blancs d'Europe occidentale. Trois cent millions de gentils béats asexués entourés de 7 milliards de brutes arriérées, libidineuses, guerrières, affamées, revanchardes et fanatiques, c'est, il est vrai, encore bien peu...

Mais ne doutons pas que notre merveilleux modèle soit bientôt adopté par tous. Il faut y croire. C'est le sens de l'histoire. Nous sommes en 2019 quand même...