Un ami
Je connais un homme, appelons-le Pierre pour la commodité du propos, qui fait partie des grandes rencontres de ma vie. Bien né, dans l'honnête confort bourgeois fruit du travail, milieu qui n'a ni à rougir de ce qu'il a, ni à revendiquer d'être autre chose que ce qu'il est, il avait devant lui le parcours tout tracé qui représente pour beaucoup un rêve et un aboutissement : études à la Catho, doctorat, bon job, mariage avec la connasse qui le fait bien et 250 crétins triés sur le volet au vin d'honneur. Mais – au grand dam sans doute de ses parents – des rencontres, des aspirations, des expériences en ont voulu autrement... Le voilà aujourd'hui tenancier d'un bar fasciste à Rome, garant et pilier d'une aventure (peu) commune, travailleur inlassable, camarade affable et jovial, faux gentil mais vrai bon coeur... Pas toujours reconnu pour ses mérites, rarement mis en avant, (peu importe, ceux qui doivent savoir savent..), il est pourtant une véritable machine de guerre du militantisme sans qui beaucoup de choses auraient été impossibles....
Je n'ai pas réussi grand chose dans ma vie, mais si on me demande un jour un bilan, je pourrais dire que j'ai été l'ami de Sébastien, Chiara, Xavier, Géraldine, Gilles, JP, François, Charles, Thomas... et Pierre. Et ce n'est pas une mince fierté.