Famille?
Construire – et surtout maintenir – une famille traditionnelle dans une société qui ne l'est plus est une chose extraordinaire, un petit miracle. Non d'ailleurs, l'expression n'est pas bien choisie, car cela n'a rien d'un hasard, d'un « don », ce n'est pas « un coup de chance », un tirage heureux au grand loto de la vie, c'est une somme quotidienne d'efforts, de sacrifices, de travail, d'abnégation, d'oubli de soi... C'est un travail ardu, souvent ingrat, une œuvre jamais achevée. C'est d'ailleurs pourquoi ce qui autrefois était la norme la plus commune et la plus banale est devenu le privilège des êtres d'exception. La famille traditionnelle – imparfaite comme toute création humaine – reste l'élément de base d'une société saine et équilibrée. Il suffirait, pour s'en convaincre, de constater le nombre et la violence des attaques dont elle est l'objet – bien que désormais sublacquante sous nos latitudes – de la part de toutes les forces destructrices, déconstructivistes, et mortifères de la post modernité. Que ces offensives soient bien aidées par la tartufferie, le pharisianisme, l'insuffisance et les ridicules d'un certain nombre des défenseurs autoproclamés de cette institution – qui veulent sauver un décor quand il s'agit de sauvegarder une fondation – ne doit évidemment pas nous faire perdre vue cette vérité première : il n'y aura pas de véritable renouveau sans restauration de la famille traditionnelle, hiérarchisée, équilibrée, durable, solide. Il n'est donc pas question d'unir sa voix à celle des aboyeurs ni de participer à l'hallali envers le modèle familial classique. Cependant, un fois que l'on a dit ça, que l'on a posé cet indispensable préalable, on a rien dit, ou presque. Rien de politique en tout cas. Juste l'affirmation d'une position de principe, éthique et morale. Qui ne mange pas de pain. Un vœu pieu, pourrait-on dire. Le politique étant la prise en compte du réel et la recherche du moindre mal pour le Bien Commun, on ne peut se contenter d'imprécations et de regrets, de condamnations et d'affliction. Que faire ? Seule question fondamentale. Face au champ de ruines, face aux millions de familles recomposées/décomposées, de célibataires, de mères isolées, d'hommes allant chercher l'espoir marital en Afrique ou en Europe de l'Est... Que faire ? Que dire ? « Tant pis pour vous, il fallait faire une famille traditionnelle» ?
Il existe peut-être des solutions techniques pour tenter d'améliorer, à la marge, la situation, encourager une forme de stabilité familiale , notamment le salaire maternel … Il y en aurait d'ailleurs d'autres, comme l'interdiction du divorce, mais je ne pense pas que nos esprits modernes, au premier rang desquels les féministes (même celles dites « de droite »), soient favorables à cette mesure, même si elle fût, qu'on le veuille ou non, l'une des bases de la pérennité conjugalo-familiale des siècles passés (la nature humaine restant toujours inchangée). Quoiqu'il en soit, on voit bien que dans le contexte actuel, cela resterait largement insuffisant... En attendant de réformer les esprits, de juguler l'égoïsme, de limiter l'hédonisme et l'irresponsabilité – tâche immense si tant est qu'elle soit possible – encore une fois, que faire ?