Lutter contre l’horreur
Dans la continuité du combat progressiste et de la légitime revendication exigeant que les relations sexuelles entre médecins et patientes soient légalement interdites, je demande que le parlement vote d’urgence une loi prohibant les rapports intimes entre un épicier et ses clientes.
A l’appui de cette demande, je vous livre le témoignage, saisissant et accablant, de Sonia, 38 ans, mariée et mère d’une petite fille.
« Tout a commencé quand l’épicerie bio au coin de ma rue a été reprise par celui que nous appellerons « le manipulateur », un jeune homme d’une trentaine d’années, naturellement bronzé et souriant. Au début, je ne me suis pas méfiée de son attitude accorte et avenante, je n’avais pas conscience du piège qu’il mettait en place. Volubile et amical, il parvint rapidement à me pousser à lui faire des confidences sur ma vie de couple, qui battait de l’aile, mon mari, un homme égoïste et obnubilé par son travail, étant continuellement absent et tentant piteusement de racheter cet abandon en me couvrant d’argent et de cadeaux… Je vous épargne les détails de l’horreur de mon quotidien… Face à ces aveux qu’il m’avait adroitement extorqué, le manipulateur a alors encore accentué sa bonhommie et sa bienveillance à mon égard. Le sadique resserrait peu à peu son étau. Désormais, je ne pouvais venir faire un achat dans son magasin sans que le manipulateur me gratifie d’un compliment, m’adresse un mot gentil, une parole agréable… Certains jours, il arrondissait même les prix à mon avantage, « traitement réservé aux habitués » prétendait le salopard. Parfois, inconsciente de ses subterfuges, comme hypnotisée, il m’arrivait de répondre à ses affabilités, de plaisanter avec lui, et alors, nous riions ensemble… Des rires qui, je ne le savais pas encore, n’étaient que les prémisses des futurs cris de souffrance… Après plusieurs semaines de ce bourrage de crâne quasi-quotidien – comme droguée, je multipliais en effet fiévreusement les occasions de me rendre à l’épicerie - un soir, l’heure de la fermeture approchant, j’avais hâtivement passé mon manteau sur un déshabillé de soie afin d’aller acquérir une babiole indispensable qui me manquait furieusement, et c’est là que le drame se noua !
En effet, après quelques instants de conversation légère et banale, je ne sais par quelle force, par quelle puissance inconsciente, ma main se retrouva posée sur sa braguette… C’est à cet instant que le monstre tomba le masque, que la bête si longtemps contenue se révéla. M’attirant, tremblante et apeurée, dans la remise du magasin, il se jeta sur moi et commença à me pénétrer violemment. Eperdue, comme extérieure à moi-même, entraînée hors de moi, je ne parvenais, balbutiante, qu’à répéter que c’était bon et lui demander d’y aller plus fort. Etait-ce moi qui parlais ainsi ? Je ne le pense pas. Je n’étais alors qu’un être aliéné, le jouet sans défense de ce pervers narcissique cruel et sans limite… C’est pourquoi je réclamais ensuite qu’il m’enculât et me traitât de salope et de pute, comme pour lui jeter au visage ce que ces stratagèmes abjects avaient fini par faire de moi. Du fond de mon involontaire et contrainte soumission, j’essayais toutefois ainsi de résister.
A la suite de cela, totalement sous l’emprise maléfique du manipulateur, je me rendais 3 à 4 fois par semaine à l’épicerie pour m’y faire saillir par cette brute ignoble qui n’exprima jamais le moindre remord ni regret quant aux assauts qu’il me faisait subir et qu’il avait même le sadisme de me pousser à lui réclamer.
Cette torture pluri-hebdomadaire dura jusqu’au jour où le manipulateur m’annonça que nos rapports s’arrêteraient là, que nos ébats (sic !) trop fréquents risquaient de s’ébruiter et de mettre en danger son couple, perspective qu’il ne pouvait envisager.
C’est alors que tout s’éclaira, que je compris tout, que l’horreur de ce que j’avais subi s’imposa à tout mon être dans son effroyable crudité… J’avais été violée, souillée, abusée par un pervers narcissique sans foi ni loi qui avait su profiter de toutes mes failles et de toutes mes faiblesses pour me conduire jusqu’au précipice…
C’est pourquoi je témoigne aujourd’hui, afin que ma terrible expérience serve aux autres femmes, aux autres victimes. Ne plus accepter. Ne plus subir. Plus jamais ça ! »