Schizophrènes
Curieuse psycho-pathologie des français qui demandent à leur Etat de prendre en tous points le contre-pied, et même d'expier, leurs comportement personnels, qui aspirent à ce que leur gouvernement incarne au niveau collectif l'inverse de ce qu'ils sont à titre individuel.
Ainsi alors que les français se montrent, dans leur existence concrète quotidienne, égoïstes, individualistes, calculateurs et peureux, ils désirent avoir la bonne conscience d'appartenir à une « nation » qui serait tout le contraire : généreuse, ouverte et tolérante. Ils veulent des portes blindées et des alarmes pour protéger leur domicile mais surtout pas de frontières aux bornes de leur pays. Ils laissent crever sans aucun problème ni la moindre once de mauvaise conscience les sdf au coin de la rue, mais se scandalisent à l'idée que « La France » n'accueille pas l'intégralité des migrants plus ou moins miséreux du monde. Ils s'assoient sur la carte scolaire pour placer leurs bambins dans de « bons » établissements scolaires, privés et/ou ethniquement homogènes mais tournent de l'oeil à l'idée qu'une candidate anti-immigration puisse approcher de la magistrature suprême. Quand il sont fonctionnaires, professeurs notamment, ils n'ont d'autre objectif que de quitter les zones d'immigration massive, les banlieurs et les cités, les ZEP et les ZUP, pour se faire muter dans des lieux et établissements plus « préservés », dans les centres villes bourgeois ou en Bretagne ou dans le pays Basque, mais n'imaginent pas voter pour autre chose qu'un candidat répétant mécaniquement que « l'immigration est une chance pour la France » et que la « mixité et la diversité sont des bonheurs quotidiens ». Ils insulteront même ceux qui osent faire différemment.
Pour ces français, le vote est finalement un acte de rédemption. Une façon de se dédouaner, de maintenir en vie, dans l'abstraction et le lointain, leurs illusions et leurs utopies idéologiques. Le dernier moyen de croire qu'ils sont autre chose que ce qu'ils sont.