Chrétien ou Païen
J'ai le plus grand respect pour mes camarades païens et les questions religieuses n'ont jamais été pour moi un critère permettant de jauger les gens (ce qui me m’offre la possibilité d'ailleurs d'être encore catholique...). Le paganisme fait évidemment partie de l’héritage culturel européen. Pour autant je refuse et rejette le concept de "pagano-christianisme" qui me semble, pour le coup, un syncrétisme typiquement moderne... Personne n'a vraiment tort, personne n'a vraiment raison... On prend d'un côté ou de l'autre ce qui nous convient, ce qui nous arrange... La "virilité" (supposée) et "l'ethnicisme" du côté païen, la transcendance et la charité côté chrétien... On se compose ainsi, comme au supermarché, sa « spiritualité » à la carte, bien conforme à ses engagements et ses penchants personnels et idéologiques (qui finalement priment sur tout…).
Je me souviens, il y a de longues années, jeune militant plein d’enthousiasme et de naïveté, avoir écrit dans « Réfléchir et Agir » un « appel à l’union des chrétiens et des païens contre les ennemis communs ». Un petit texte auquel Robert Dun, figure reconnue et respectée du milieu païen, avait répondu en expliquant qu’il comprenait cette aspiration sans doute noble bien qu’un peu béate, mais que cette « union » était impossible puisque le « christianisme » faisait partie du problème de l’Europe, que c’était « le ver dans le fruit » et que l’Europe ne pourrait revivre qu’en se débarrassant de celui-ci. J’en ai donc pris acte. Ce qui n’a rien enlevé à l’estime que je pouvais avoir pour mon contradicteur ni à l’idée que l’on puisse travailler avec des païens, hic et nunc, pour faire face à des dangers qui nous menaçaient tous deux. Mais la certitude d’une divergence fondamentale de vision de la vie et du monde ne m’a pas non plus quitté. Elle n’empêche nullement le véritable « vivre ensemble » entre gens issus d’une même culture et d’une même civilisation, mais elle mérite mieux qu’une sorte de « gloubi boulga » où, en en fait, on découvrirait, que « l’on est tous pareils, croyant finalement aux "mêmes choses sans le savoir…».
Je crois à la divinité du Christ, à sa Passion et à sa résurrection, à l’universalité de sa parole. Un païen n’y croit pas. Ni lui ni moi ne pouvons donc être « pagano-chrétien » sans nous renier partiellement.
Que ces divergences ne soient pas l’urgence du moment, qu’elles n’interdisent évidemment pas des rapprochements, des collaborations, des constructions communes, c’est une impérieuse évidence. Mais les nier ne reviendrait finalement qu’à participer platement au confusionnisme contemporain.
Il peut y avoir un « pagano-catholicisme » pour ceux qui considèrent le catholicisme comme une norme sociale ritualisée, mais il ne peut y avoir de « pagano-christianisme ».