Acte V
- Cyrano: oui, ma vie ce fut d'être celui qui souffle, -et qu'on oublie ! (à Roxane.) vous souvient-il du soir où Christian vous parla sous le balcon ? Eh bien ! Toute ma vie est là : pendant que je restais en bas, dans l'ombre noire, d'autres montaient cueillir le baiser de la gloire ! C'est justice, et j'approuve au seuil de mon tombeau : Molière a du génie et Christian était beau !
(à ce moment, la cloche de la chapelle ayant tinté, on voit passer au fond, dans l'allée, les religieuses se rendant à l' office.) qu'elles aillent prier puisque leur cloche sonne !
- Roxane: ma soeur ! Ma soeur !
- Cyrano: Non ! Non ! N'allez chercher personne : quand vous reviendriez, je ne serais plus là. (les religieuses sont entrées dans la chapelle, on entend l'orgue.) il me manquait un peu d'harmonie... en voilà.
- Roxane: je vous aime, vivez !
- Cyrano: non ! Car c'est dans le conte que lorsqu'on dit : je t'aime ! Au prince plein de honte, il sent sa laideur fondre à ces mots de soleil... mais tu t'apercevrais que je reste pareil.
- Roxane J'ai fait votre malheur ! Moi ! Moi !
- Cyrano: vous ? ... au contraire ! J'ignorais la douceur féminine. Ma mère ne m'a pas trouvé beau. Je n'ai pas eu de soeur. Plus tard, j'ai redouté l'amante à l'oeil moqueur. Je vous dois d'avoir eu tout au moins, une amie. Grâce à vous une robe a passé dans ma vie.