Artistique fiction
Ne pouvant rester indifférente aux incidents de la gare de Cologne, et surtout à leur abjecte récupération par l’extrême droite néo-génocidaire, l’artiste LeslyK (Ludivine Carpentier pour l’état civil) a décidé de se rendre dans la ville allemande pour y accomplir une performance citoyenne et réconciliatrice. Consciente que ces débordements, regrettables certes mains finalement compréhensibles, ne résultent que d’une incompréhension culturelle générée par des vestiges d’un ethno-différentialisme d’un autre âge, elle est convaincue, grâce à son action culturello-démocratique, de parvenir à dépasser les frictions communautaires pour entrouvrir la porte d’un vivre-ensemble à la fois non sexiste mais érotico-festif, débarrassé tout autant des excès – encore une fois bien compréhensibles – d’agressivité phallique et patriarcale des nouveaux arrivants que des excessives réticences à l’ouverture à l’Autre des jeunes femmes allemandes, jamais totalement débarrassées des pesanteurs – et puanteurs !- idéologiques du nazisme.
« Ce qu’il faut, c’est réconcilier le mythe de la grosse bite noire et le respect de l’intégrité féminine. La femme occidentale doit intégrer son désir de viol par des migrants, prolétaires exploités à gros chibre, mais sans que celui-ci lui soit imposer de l’extérieur. Cela doit être une démarche de libération vis-à-vis du carcan moral bourgeois xénophobe et non une intrusion agressive de type machiste. C’est de son plein gré et pour son épanouissement rédempteur des crimes passés que la femme allemande doit s’offrir à l’étranger – qui n’en est plus un dès lors qu’il se fond dans son corps – en manque tragique d’affection et d’acceptation érotique … » a-t-elle ainsi expliqué aux Inrocks avant son départ pour Cologne.
Pour exprimer cette fulgurante pensée, LeslyK, assisté de son ami l’artiste allemand «Never again » , s’est installée sur le parvis de la gare, nue à 4 pattes, écartant des deux mains ses fesses bombées en signe d’ouverture et de désir de l’Autre. « Nerver again », nu lui aussi mais peint entièrement en noir, avait pour mission de lui asséner des coups de godemichet d’un rythme varié dans l’anus. Quand ceux-ci étaient précautionneux et doux, la jeune artiste gémissait de plaisir, mais lorsqu’ils étaient trop forts et violents, elle hurlait de douleur et déféquait sur le sol, marquant ainsi son rejet de toute imposition excessivement agressive.
Une œuvre particulièrement ambitieuse et puissante qui fût malheureusement trop rapidement interrompue par un début d’émeute et l’intervention de la police.