La route
Tout à coup, tout devient sec, froid, glaçant. Le monde déjà depuis longtemps en ruines s’effondre une fois encore. Tout craque. Plus aucune force pour rassembler quelques dérisoires débris dans l’espoir d’une future reconstruction. On y croyait un peu, on n’y croit plus du tout. Fragilité endémique. Maladie de l’époque. On se voudrait guéri par le temps, par la solitude, par l’intelligence, par le cynisme, par la fuite… Pourtant tout dépend encore d’un sourire, d’une parole, d’une caresse…. Tuer, être tué, se tuer, peu importe… Juste lire du désir et de l’admiration dans le regard aimé. Eternels mendiants. Veilleuses, flambeaux et brasiers ne peuvent être allumés que par cette main qui glisse dans la nôtre et que l’on est jamais sûr de pouvoir retenir. Dépendance sublime et douloureuse, qui condamne et justifie tout.
Tout à coup, tout devient doux, sapide, brûlant. Le monde dévasté renaît de ses cendres. Tout refleurit. Les muscles atrophiés reprennent leur glorieuse vigueur. Les premières pierres de futurs palais sont assemblées dans leur orgueilleuse humilité. Tous les futurs combats paraissent des escarmouches. Des ongles complices ont griffé votre peau et un souffle chaud a parcouru votre nuque…