Faussaires
J’ai un très profond mépris pour les gens qui consomment de la cocaïne. Non pas parce qu’ils se droguent, après tout chacun fait ce qu’il veut de ses faiblesses et trouve les béquilles qui conviennent le mieux à sa médiocrité. Mais la cocaïne est la drogue libérale par excellence, la drogue des bourgeois ennuyés du tertiaire, des fils à papa désoeuvrés, des crétins qui confondent « dandys » et lavettes salonnardes, la drogue remplace-couilles, la drogue des fausses performances, des faux actifs vrais agités, des pseudo-littéraires dégueulant de citations imparfaitement comprises, la drogue sans risque, la drogue contrôlée, la drogue-vitrine, la drogue mise-en-scène… Si t’es un vrai déglinguos, un vrai désespéré, un vrai ouf, un vrai écorché, un vrai malade, fais-toi des piquouses d’héroïne dans le cou, ça au moins ça a de la gueule, c’est extrême, c’est transgressif, c’est destructeur ! Mais tu préféreras toujours te poudrer gentiment le nez avec d’autres petites lopettes du même milieu que toi, du même sérail, dans des apparts bien fermés ou des bars bien identifiés où tous les écarts et excès sont encadrés, codifiés et ne dépasseront jamais la gesticulation grotesque et maladroite d’une adolescence si prolongée qu'elle est devenue sénile et prend sa veule impuissance pour une posture aristocratique.