Ainsi
Il n'y a jamais de surprise. C'est sans doute cette implacable fatalité qui est la plus parfaite abjection du temps. Nous ne surprenons pas les autres, les autres ne nous surprennent pas. On peut tout écrire, tout décrire, tout prévoir. Nous attendons quelque chose, ils attendent aussi, et tout le monde est déçu. Parce que, bien sûr, chacun ne pense qu'à soi et l'on voudrait être celui qui mérite un sacrifice sans avoir rien à sacrifier. Nous sommes tous des personnes exceptionnelles et spéciales qui devrions être reconnues comme telles sans rien avoir à prouver. Nous vivons trop vieux, tout est joué avant 25 ans, le reste n'est que du dépit, du réchauffé. Notre lâcheté est de ne pas disparaître, ou du moins renoncer, lorsque l'on n'a pas été les premiers choix, les vrais enthousiasmes. Il n'y a pas de vie passée la jeunesse, il n'y pas de vérité sans la beauté, il n'y a que des simagrées et des rafistolages.