Cinéphilie (remake)
Quelle salope cette Amélie Poulain quand on y repense... Refiler à un pauvre type qui n'avait rien demandé sa boite à trésors d'enfance, son cimetière d'illusions, sa décharge à rêves brisés... Lui, il commençait doucement à s'y faire à sa petite vie de peigne cul, il les avait presque digéré ses renoncements, ses échecs, ses faute de mieux... Il avait bien vu que les autres font pareil, attendent que ca se passe et supportent le quotidien à coups de gros rouge... Il avait bien compris que c'est la même merde partout et que s'agiter ne fait que précipiter la noyade dans l'eau brenneuse... Alors il s'était construit son petit train-train, grisâtre mais pas trop douloureux, inodore mais confortable, incolore mais cotonneux... tranquille pépère quoi... Et voilà que l'autre gourdasse, sous prétexte d'être mal-baisée et d'avoir des comptes à régler avec papa, décide de lui refoutre le nez dans sa merde, de lui rappeler qu'il avait eu des aspirations, des espoirs, qu'il avait pu croire un jour que vivre ça pouvait être autre chose que rester en vie en attendant de crever... Une sadique quoi. Parce qu'en plus, la tortionnaire, elle ne s'attarde pas... un petit coup de « souviens toi de ta misère » et s'en va... Pas même une main au cul ou une petite pipe pour remonter le moral de l'éploré... Oula non, elle a d'autres projets la Bécassine des temps modernes... Son sacerdoce ne va pas jusqu'à cajoler le quadragénaire couperosé... Elle préfère faire de la mobylette avec un bellâtre intermittent du spectacle, vendeur de godemichets à ses heures perdues. La gueule du conte de fée moderne!
Et puis le mépris par dessus ça! Regardez les moches, les tordus, les grosses, les vilains... il n'y a qu'à leur faire croire que quelqu'un les aime pour qu'ils en tombent immédiatement amoureux! Ils se jettent sur l'occasion, tu penses! Comme des caniches affamés sur une boîte de canigou périmé... N'ont pas beaucoup le choix les malheureux! Les belles histoires, romantiques, sincères, pures et profondes, c'est pour les belles gueules et les petits culs dans son genre... La bistrotière boudinée, elle, bien chanceuse encore de se faire démonter par simplet dans les toilettes! Le summum de ce qu'elle est en droit d'espérer! Et merci Amélie en prime!
Contente d'elle bien sûr, la connasse, comme une permanente de SOS racisme. Elle fait le bonheur des autres malgré eux.... Sa compassion s'arrête toutefois à la porte de l'appartement des vieux garçons gras du bide qui, après le décès de leur mère d'un cancer généralisé, emploient généreusement des handicapés nord-africains. Pour eux, pourtant rongés par le deuil et la solitude, ni indulgence ni compréhension. De toute façon, épicier, c'est un métier d'enculé qui fait du marché noir. C'est pas sympa et humaniste comme immigré peintre-chômeur occupant indûment, avec son accumulation de croutes pompières, un trois pièces d'HLM.
On comprend que le paternel se soit réfugié dans la nanophilie pour oublier avoir mis au monde une telle engeance.
Car rien ne l'arrête, c'est l'Empire du Bien à elle toute seule! Grande endive montée sur Doc Marteens, faut encore qu'elle fasse chier deux ou trois paumés avant d'estimer pouvoir se faire trombiner sans mauvaise conscience par son beau gosse de service. Le coup de bite bien mérité!
Alors elle va joyeusement humilier sa concierge qui déblatérait tranquillement depuis 20 ans sa pittoresque mythologie que personne jusque là ne lui faisait l'affront de contester ou de croire, et puis aussi en profiter pour glavioter un peu sur l'écrivain maudit du coin en lui laissant penser que sa prose est si misérable qu'elle mérite de finir en graffiti.
Journée bien remplie donc pour la robin des bois de banlieue qu'on aurait dénoncée depuis longtemps à la maréchaussée si elle avait eu 20 kilos de plus... Ne lui reste plus qu'à passer le concours d'éducatrice spécialisée et à s'aménager un emploi du temps lui permettant d'aller assister aux représentations de poésie mimée offertes par son bien aimé à la MJC Pablo Neruda de Trappes...