Manifeste pour une autre jeunesse
On ouvre parfois avec un peu de méfiance la littérature dite «militante », craignant la lourdeur idéologique, la pesanteur des slogans et l'étroitesse de la propagande. Rien de tout cela dans la nouvelle publication des jeunes et courageuses éditions du Rubicon, « La Jeunesse au pouvoir » de Julien Langella. Militant identitaire, activiste catholique, l'auteur nous offre ici un roboratif pamphlet contre l'actuelle gérontocratie incapacitante et parasitaire accompagné d'un énergique et enthousiasmant appel à l'insoumission et au combat pour y mettre un terme. Nul « jeunisme » pourtant sous la plume de Julien Langella, qui célèbre et honore les « aînés » et les « ancêtres » pour mieux les distinguer des « vieux » - qui d'ailleurs l'ont toujours été – « sépulcres blanchis » attachés à leurs privilèges autant qu'aux ultimes vestiges de leurs fantasmes soixanthuitards. Style enlevé, idées et propositions nombreuses et foisonnantes, volontarisme de reconquête, optimisme et rejet de tout fatalisme, le lecteur n'est nullement obligé de partager l'intégralité des points de vues du jeune militant – par exemple sur l'abaissement de l'âge légal de l'accès au droit de vote - pour lire avec profit et intérêt ce petit opus vif et cinglant qui réconciliera les plus sceptiques avec les capacités de réflexion, de réaction et de combativité des nouvelles générations. L'auteur invite à rompre avec une vision uniquement matérialiste et utilitariste de l'existence, à renouer avec le sens de l'intérêt général et du service de la communauté, à réenchanter le monde et à ne plus se laisser imposer par d'autres un destin morne, étriqué et sans joie. « Pour la jeunesse, être une force de propositions iconoclastes, c'est être à sa place. Celle assignée par l'ordre éternel des choses depuis l'aube des temps. Les jeunes qui ont peur de faire des vagues, et qui croient ainsi se tenir à la place que les bonnes mœurs leur assignent, ne sont rien d'autre que des vieux précoces. Ce sont eux les perturbateurs de l'ordre naturel des choses, pas nous. » précise ainsi Langella.
L'ouvrage est fort avantageusement conclu par deux remarquables entretiens avec Alain de Benoist et Dominique Venner.
Un livre à mettre entre toutes les mains, de 7 à 77 ans.
Xavier Eman (in Présent du samedi 23 mai 2015)
La jeunesse au pouvoir, de Julien Langella, Editions du Rubicon (www.leseditionsdurubicon.com), 180p, 15 euros.