Cannes & cie
Le drame des immigrés sri-lankais plongés dans la violence des banlieues multiethniques hexagonales (Audiard) les affres sexuello-psychologiques – en 3D! - de toxico-érotomanes échangistes (Noé), la répression en Iran (Divers), moi je veux bien... je ne nie pas l'extraordinaire force émotionnelle du truc, la puissance poétique du machin, le courage politique du bidule... mais ça existe un cinéaste « social », « concerné », « engagé », « conscient » et« citoyen » qui s'intéresse à la vie et aux problèmes des français « normaux », qui voudrait évoquer leur désarroi, leurs drames, leur agonie ? Parler du réel, du quotidien, des espoirs, des joies, des rêves, des déceptions, d'une « majorité » numérique mais bientôt invisible à force de mépris et d'abandon, ce n'est pas assez chic, pas assez original, pas assez « transgressif », « hype » ou « trash rock'n'roll » ? Un peuple qui crève, ça devrait pourtant être un bon sujet, même si ce ne sont pas des bantous, des tibétains ou des pédés sidaïques... « La loi du marché » de Brizé ? Peut-être. A voir.
Mais même si l'on estime que l'existence de ces connards de petits blancs n'est pas un objet artistico-commercial suffisamment intéressant et rentable, pourquoi alors ne pas imaginer - Ô naïveté, Ô candeur imbécile ! - des films qui élèvent, qui transcendent et qui subliment, des oeuvrres contant de grandes et belles histoires, célébrant des héros, glorifiant l'honneur, le courage, le don, la beauté ? On tomberait alors dans le chromos, dans le pompier, le collage d'images d'Epinal ? Pas si on a du talent. Du moins un talent autre que celui du maniement de l'ordure ou du pathos facile et bien pensant. Mais non, il faut explorer la cuvette des chiottes – celle des autres en plus – jusqu'à ses derniers tréfonds...