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A moy que chault!

Les plaisirs simples de la vie

15 Avril 2015, 01:19am

Publié par amoyquechault.over-blog.com

J'avoue que je ne m'en lasse pas... Surtout le côté crevures racistes névrosées qui se prennent pour Céline mais vivent pas dans le même monde que tout le monde... Du petit lait.

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Tu connais Zentropa ? Non ? C’est un tort.

Zentropa, c’est un blog esthétisant d’extrême-droite, écrit dans un français parfait, avec des jolies images, moult liens vers tout ce que la fachosphère fait de plus « métapolitique » et un contenu éclectique à défaut d’être cohérent. C’est une sorte de base de donnée de la pensée d’extrême-droite contemporaine, qui permet de mieux connaître ce milieu de névrosés prétentieux qui pensent sérieusement être les derniers continuateurs de la civilisation européenne dans un monde tout décadent de partout et soumis au matérialisme cosmopolite atlantiste. C’est écrit par des gens qui lisent des vrais gros livres avec presque pas d’images, et qui vaquent à des occupations autrement plus intéressantes que de boire de la 8.6 dans un terrain vague en écoutant Legion 88, comme le premier con standard. C’est l’élite de l’avant-garde nationaliste/solidariste/catholique intégriste/identitaire/socialiste européenne, j’en passe et des plus masturbatoires, qui s’exprime dans un format à la fois agréable à lire et joli à regarder.

Bon, ne nous leurrons pas : Zentropa, c’est de la branlette. Ils ont beau avoir l’air d’être intelligents, ils expriment toujours les mêmes idées imbéciles sans contact avec le monde terrestre où vit le reste du monde. Sans même entrer dans le jugement éthique sur le fait qu’il s’agisse bien de crevures racistes, on ne peut que constater que les analyses fascistes ne valent rien, constituent une métaphysique bancale qui ne fonctionne que par rapport à des idéaux abstraits perdus là-haut, dans les nimbes, que le fascisme est une pensée religieuse qui n’est étayée par rien de concret, et qui ne saurait avoir de succès à long terme, puisque condamnée au rude choc avec la réalité matérielle (demandez à Mussolini). Cette analyse est confirmée par la lecture un peu attentive de Zentropa, certes, mais également de toute la prose fasciste existante : ces gens ont perdu pied et rêvent éveillés.

Mais la question n’est pas là. La question, c’est de savoir pourquoi Zentropa est réussi. Parce que, quoi qu’on puisse penser des idées exprimées (et dieu sait que j’en pense beaucoup de choses), il est indéniable que la forme constitue un succès certain.

Succès esthétique, déjà : on ne peut le nier, c’est très joli à voir. Le souci de la forme est poussé très loin, puisque l’extrême-droite radicale a bel bien compris que faire du beau, c’était faire du combat politique aussi. En réussissant à outrepasser le côté rationnel du lecteur, la forme permet de le convaincre plus facilement de ses idées. Et là, on n’est pas dans le bruit de bottes, ou dans le charme so thirties des jolis uniformes ou des drapeaux qui claquent au rythme de « Ich hatt’ einen Kameraden ». Non, non… On est dans le subtil, le contemporain, dans un effort graphique d’une modernité déconcertante qui véhicule le propos. La forme comme vecteur du fond, comme supplétif, même, à la faiblesse fondamentale dudit fond. Pour le coup, c’est foutument bien fait.

Succès du propos, ensuite : en ne s’interdisant rien, en frayant avec tout ce que l’extrême-droite compte de sectes ennemies (ça va de Troisième Voie, le machin pseudo rouge-brun de Serge Ayoub aux cathos intégristes du Cercle Sainte-Geneviève, en passant par les Identitaires et Casapound Italia), en récupérant même tout ce qu’il y a récupérer chez l’ennemi de gauche (citations d’auteurs de gauche, présentation chaque mois de la une de la Décroissance, oui, oui…), en écrivant des choses parfois pas dénuées d’humour (mais le plus souvent très chiantes : n’est pas Céline qui veut), le tout sans le moindre souci de cohérence. On est pas à l’extrême-gauche, là, on ne fait pas de la « pédagogie », ni de belles « démonstrations » logiques mais illisibles : on prend tout ce qu’il y a prendre dans tout ce qui peut être jugé réac’, antimondialiste, « anticonformiste », et on balance ça par gros paquets. A boire et à manger, ça plaira forcément à quelqu’un, et ça construit une forme de contre-culture essentielle à l’alimentation d’une idéologie et d’une vision du monde. C’est simple, mais ça a quelque chose de génial.

Succès d’audience, enfin. Il semblerait bien (je n’ai pas accès aux chiffres, mais je n’ai pas de mal à le croire) que Zentropa marche très bien, niveau nombre de visites quotidiennes. Ce petit blog de rien du tout, alimenté par quelques types disséminés çà et là, est devenu une référence incontournable à l’extrême-droite, et beaucoup de militants, sympathisants, ou simples curieux, y vont très régulièrement, y puisent ce qu’ils ont envie d’y puiser, se renforcent dans leurs idées, dans leur manière de regarder le monde et la vie, et s’y identifient. Ce qui, mine de rien, crée un liant bien plus fort que n’importe quelle manif, n’importe quelle diffusion de tract, n’importe quelle action concrète, happening, occupation, ou je ne sais quoi, pour la simple et bonne raison qu’il s’agit d’un flux ininterrompu d’informations, d’illustrations, de textes, de citations, de liens, etc. C’est permanent, c’est rassurant, ça permet à tout un chacun, même à ceux qui ne militent pas, qui ne communiquent jamais leurs idées à personne, de se sentir relié à quelque chose. C’est de l’armement idéologique, tout simplement. (..)"

Pour confirmer ou infirmer: www.zentropa.info