Il n'y aura pas.
Il y aurait un petit ruisseau au fond du jardin tout juste assez profond pour y faire glisser une légère barque de bois. Il y aurait une vieille demeure en lourdes pierres, passablement délabrée mais en cours, infini, de rénovation. Il y aurait des travaux commencés, jamais terminés, avançant au grès des accès d'énergie... Il y aurait des tas de trucs mal faits parce qu'on ne sait pas faire grande chose convenablement. Il y aurait une large cheminée sans cesse embrasée, même en été, parce que c'est joli... Il y aurait une cave pleine de vins médiocres qui deviennent des grands crus quand on les boit entre amis. Il y aurait des volutes de tabac se confondant avec la brume du soir. Il y aurait un jardin potager à moitié envahi par les herbes sauvages. Il y aurait un voisin antique et bourru venant prendre la poire et le café. Il y aurait des enfants, l'un caressant le chat, l'autre courant après un papillon, le dernier plongé dans un gros livre trop compliqué pour lui. Il y aurait des meubles solides et rustiques que les gens éduqués et de bon goût trouvent laids et ringards. Il y aurait une humble pauvreté joyeusement partagée. Il y aurait des chambres ouvertes à tous les camarades de passage.Il y aurait une femme, simple et douce comme une infinie caresse, oeuvrant à ses tâches sans s'en sentir humiliée, qui n'aurait pas 800 amis facebook et ne chercherait pas « mieux » dans les limbes virtuelles. Il y aurait des gens attachés à un lieu, à une volonté, à une promesse. Il y aurait de la musique et des chants, puis des silences apaisants. Il y aurait des bibliothèques, pleines de mémoire et de poésie. Il y aurait...