Au kärcher
Si le catholicisme veut sauver la France, il faudra d'abord qu'il se débarrasse des catholiques, qu'il se régénère entièrement et inonde de nouveaux cœurs après s'être vidangé de ce résidu glaireux qu'on appelle le « milieu catholique », rompant définitivement avec ce théâtre social où s'agitent encore péniblement fins de race à particule, bourgeois consanguins et lettreux camés. Ne partageant finalement que la morgue et la suffisance auxquelles ils se croient autorisés par un titre qu'ils se sont indûment auto-attribués et qui sert d'excuse et de paravent à tous leurs vices satisfaits, cette clique de péroreurs de fins de soirées, ultra-modernes jusqu'au bout de leurs postures réactionnaires purement cosmétiques, est devenue le plus efficace repoussoir permettant de tenir toute âme un peu moins souillée que la moyenne bien loin du miracle chrétien. Pharisiens éclatants, peureux, pavloviens, avides de reconnaissance, de gratifications et de bons points attribués par l'ennemi, ils ne forment plus qu'une tribu parmi les autres, plus abjecte que les autres de part ses prétentions et son orgueilleuse certitude d'incarner une « différence » au sein d'une société et d'un temps dont ils sont en fait le plus caricatural produit. La schizophrénie contemporaine prend chez eux des dimensions gigantesques, pensant que le discours vaut acte et que l'affirmation vaut réalisation. Par leur comportement quotidien, ils insultent la Croix plus sûrement que tous les « Golgotha Picnic » et « Piss Christ » du monde mais partent en vertueuses croisades contre n'importe quel chiffon rouge agité par leurs sparring partners progressistes, pressés de jouer le plus efficacement possible leur rôle de bouffons pathétiques dans la grande comédie médiatique. Qu'ils se veulent « sympas » et « cools » ou, au contraires « ultra-radicaux » et « hyper-intégristes », ils participent à la même escroquerie, au même règne des masques et des apparences.
Devenue une religion mondaine, un rite social, une parure esthétique, le catholicisme ne survivra et ne renaîtra en tant que force active et agissante qu'en échappant aux mains débiles de ceux qui se parent aujourd'hui de son nom. Plutôt les catacombes que les salons de 7e arrondissement.