Vieux con
Les couples sont souvent écoeurants. Surtout les jeunes. Eux, c'est clair, ils sont abjects. Même quand ils ont les traits fins et des courbes gracieuses, la vulgarité épanouie de chacun de leurs gestes, de la moindre de leur attitude, les rend d'une repoussante laideur. Ils ne savent pas se tenir, ils se répandent, s'étalent, dégueulent. La grossièreté semble leur seul horizon, du langage à la posture. Vautrés, entassés, se chevauchant, s'échangeant des regards bovins et des baisers bruyants qui évoquent des gargarismes, le casque hi-fi vissé sur les oreilles, les épaules tombantes, le portable dans une main qu'ils ne quittent jamais vraiment du regard même quand ils se bavent réciproquement dans la glotte.... Ils n'ont plus aucune des qualités qui, jadis, rachetait la bêtise de la jeunesse : l'énergie, la fougue, l'insolence, l'idéalisme, la grande santé, le panache... Ce sont des loques épuisées qui ne sourient plus mais grimacent, ne rient plus mais ricanent seulement. Ils vous dégoûtent mais semblent se dégoûter eux-mêmes encore plus. Comme s'ils avaient définitivement admis, intégrés, leur rôle de génération inculte, inutile, ridicule et sans avenir. Leur « amour » est à la mesure de leur vision du monde :petit-bourgeois. Ils s'habillent comme à la télé, baisent comme dans les pornos. Le monde autour d'eux est trop dur, trop brutal, trop difficile, complexe. Ils préfèrent facebook et les jeux vidéos, ces lieux virtuels et sûrs où il peuvent enfin être autre chose que des pions et des victimes. Effondrés, physiquement affaissés, sorte d'amas de chiffons hors de prix, ils sont le digne produit d'une parentèle démissionnaire et complaisante, laxiste et béate, dopée à la psychanalyse et à la pédagogie. On frémit d'horreur à l'idée des enfants qu'ils risquent à leur tour d'engendrer même si, dieu merci, ils ont le bon goût de réduire cette procréation à la portion congrue, en fonction du plan de carrière, du pognon disponible, des vacances programmées. Ils seront remplacés par ce qu'ils sont contents de l'être, ils seront oubliés parce qu'ils n'ont rien créé, ils seront battus parce que l'idée même du combat leur est étrangère. Liquidateurs d'une civilisation qu'ils ne peuvent pas aimer car ils sont incapables de la comprendre, ils seront demain des dhimmis mahométans comme ils sont aujourd'hui des américains et peut-être après-demain des bouddhistes ou n'importe quoi d'autre. Ils ne sont plus qu'une ligne de programmation d'un grand logiciel dont ils ont renoncé à refuser la logique et à contester la légitimité. Ainsi, ils ne peuvent être des couples mais de simples collages, aussi circonstanciels et éphémères que le reste. Ils le savent, cela se lit dans leurs yeux délavés et leurs caresses émoussées, déjà chargées de calculs.