2 heures moins dix
C'est l'heure où le bistrot se transforme en mouroir, où les rires deviennent ricanements, où la musique se mue en nostalgie et où l'on s'accroche à son verre pour ne pas être tout entier englouti par le sol devenu meuble et mouvant. On a le cœur au bord des lèvres et c'est là le seul moyen de se souvenir que l'on en possède un. Tous les masques sont tombés, les phrases se sont dégonflées, les parures se révèlent pacotilles et les postures ne sont plus tenables, on ne triche plus, on prétend moins encore, on n'est plus que ce que l'on a jamais cessé d'être, un petit garçon vaniteux pas assez aimé. Ombre parmi les ombres, un peu moins délabré peut-être. Pour combien de temps encore ?