Plus jamais « d’Union sacrée » pour sauver le Capital et son oligarchie.
Zentropa
A l’heure on nous commémorons le centenaire de la grande guerre civile européenne de 14-18, ne nous limitons pas à l’hommage aux morts ni aux sempiternels « Plus jamais ça ! » mais tentons de garder réellement à l’esprit les leçons de ce terrible carnage. Elles sont d’une grande et cruelle actualité à l’heure où les mêmes qu’hier préparent de nouveaux conflits et de nouveaux charniers pour proroger leur pouvoir, leurs privilèges et leurs prébendes. Ce sont en effet les mêmes intérêts qui s’agitent en coulisses pour monter peuples, communautés et religions les uns contre les autres et les pousser à une confrontation sanglante et destructrice. Nulle vision « complotiste » dans cette affirmation, tout est ouvertement et clairement annoncé, expliqué même, il suffit de lire les déclarations des uns et des autres et de suivre l’enchaînement des événements pour s’en convaincre. La « guerre des pauvres », voilà le projet. D’un côté les peuples européens déculturés, en voie de précarisation, abêtis, drogués, épuisés et ne réagissant plus qu’à coups d’injections de peurs savamment entretenues et dirigées par les tireurs de ficelles, de l’autre les masses africano-maghrébines misérables et revanchardes, nourries dans leur haine par le discours des « élites » occidentales, poussées à l’exode par les ravages du néo-colonialisme capitaliste et le mirage de l’Eldorado du nord.
Tout comme en 1914, banques, industriels et puissances financières ont poussé à la guerre pour briser le mouvement ouvrier, décapiter les peuples en voie d’insoumission, briser les tentatives de remises en cause du pouvoir de l’argent qui commençaient à prendre de l’ampleur aussi bien à « gauche» qu’à « droite », le capitalisme contemporain, de plus en plus contesté, ne parvenant plus à masquer les ravages de sa prédation, a besoin d’un nouveau cataclysme pour régénérer son pouvoir et refonder sa domination. Comment faire accepter aux peuples européens l’accroissement vertigineux des inégalités, le démantèlement du code du travail et du système social, la perte des acquis sociaux, la paupérisation, le bradage du patrimoine, l’empoisonnement alimentaire, la destruction écologique, le déclassement générationnel, le naufrage culturel ? Comment leur faire supporter l’existence et la morgue de cette hyper-classe obèse, parasite et profiteuse, n’en pouvant plus de crouler sous l’argent et le luxe et bénéficiant d’une totale impunité quant à ses vices et ses forfaits ? Comment si ce n’est en agitant le chiffon rouge d’une barbarie plus terrifiante encore, en annonçant le grand retour de l’obscurantisme et de la sauvagerie si son règne devait être contesté ? « C’est nous ou les barbus coupeurs de têtes, leurs burqas et leurs harems ! » voilà le message qu’ils essayent explicitement de nous imposer. Après les fascistes et les communistes, les islamises sont les nouveaux croquemitaines du capitalisme, leur folie, leurs exactions et leur présence menaçante, toujours habilement encouragés, sont sensé faire oublier, par comparaison dans l’abjection, toutes les saloperies d’un système inique qui a transformé en deux siècles les européens en une vaste et flasque armada de consommateurs neurasthéniques, médicamentés, surendettés, abonnés aux cabinets de psys et aux chaînes pornos, à demi-analphabètes, naviguant entre névroses et aboulie, et presque stériles en tous domaines.
Tomber dans le piège, c’est repartir pour un nouveau cycle de turbo-capitalisme triomphant, peut-être même entériner sa victoire définitive. Alors par pitié, pas de croisade contre l’Islam, au coude à coude avec la droite libérale, les sionistes, les francs-macs, les lobbys LGBT et tous les autres fossoyeurs de la France et de l’Europe que nous voulons aimer et faire renaître ! On ne défend pas une citadelle en s’associant avec ceux qui ont sapé ses fondations et saboté ses défenses. Même temporairement, même au nom de ces tragiques billevesées que sont « l’ennemi prioritaire » ou le « danger le plus imminent ». Il n’y a pas de hiérarchie à établir parmi les assassins de nos peuples, et ceux qui sont le plus discret ne sont pas pour autant les moins efficaces. Pas d’alliances contre-nature, ni dans un sens ni dans l’autre, dont on sort de toute façon toujours floués et cocus, le cul douloureux et l’honneur sali, pas d’aveuglement ni « d’emballement » face à des faits divers instrumentalisés, pas de naïveté face aux manoeuvres de séduction, aux visages désormais mielleux de ceux qui nous glaviotaient dessus encore hier, pas de fumeux « machiavélisme » qui n’est que le cache-sexe de la trahison, pas de prétendu « pragmatisme » qui n’est que l’autre nom du renoncement et de la soumission aux puissances du moment. Pour autant, pas de faiblesse, mais pas d’hystérie non plus, face à un Islam auquel nous opposons toute la fermeté de ce que nous sommes mais dont nous nous refusons aussi à faire le nouveau Golem, le nouvel et ultime épouvantail de la modernité face auquel il faudrait oublier tous nos autres combats, toutes nos autres valeurs avant qu’il soit terrassé.
Ne finissons pas, une fois de plus, par être les supplétifs empressés de ceux qui nous ont ruiné, humilié, acculturé et mené au bord du chaos.
Si nous devons nous battre, prendre des coups, tomber en prison, et peut-être mourir, faisons-le pour tenter de bâtir notre monde, pas pour sauvegarder les ruines infectes du leur. Ce n’est pas une utopie, c’est un devoir, dicté par la dignité et la cohérence.