Botanique
François se sentait comme un vieil arbre dont un nouvel hiver trop rigoureux a définitivement fait geler la sève. Même l'alcool ne parvenait plus à refaire circuler le précieux liquide. Sans chaleur, sans envie, sans énergie, sans aspiration, sans respiration, il commençait lentement à pourrir sur pieds. Seuls la colère et le dégoût que lui procurait la vue de la luxuriante mauvaise herbe qui s'épanouissait partout aux alentours lui intimait encore l'ordre de rester debout. Mais la maladie grandissait en lui sans qu'il parvienne à trouver de véritables raisons de la combattre. « Je n'y arrive plus » balbutiait-il, comme pour s'excuser, à l'oreille d'un ami imaginaire qui haussait les épaules et baillait d'ennui. Les quelques feu-follets, absurdes et dérisoires flammèches qui étaient encore parvenus à embraser sa vieille écorce, avaient désormais disparu et plus rien ne contrariait désormais l'avènement de la nuit éternelle.