Notre Dame
Il fait beau à Paris. Les touristes rayonnent de satisfaction et même les garçons de café, pensant à la recette du soir, desserrent quelque peu les dents pour offrir exceptionnellement au monde bouleversé d'étonnement quelque chose qui ressemble à un sourire. Les jupes sont courtes, les robes légères, les démarches sautillantes ou nonchalantes, des talons claquent sur le trottoir, des rires explosent, c'est un temps à être heureux et son parfum s'introduit même dans les interstices des cœurs les plus fermés, les plus vaincus. On passe les ponts de la Seine sans avoir envie de s'en jeter, on remercie le ciel de pouvoir contempler sa clarté idyllique, on s'assoit sur un banc et on fixe intensément un point à l'horizon comme pour tenter d'immortaliser l'instant. On n'a plus envie de se battre, de hurler, de boire,d'expliquer, dé dénoncer, de débattre...on voudrait juste se fondre dans le paysage, devenir un pavé ou un lampadaire pour être définitivement un élément de ce décor unique et grandiose. On referme alors ses doigts contre sa paume, espérant y enserrer une main amie, mais même cette absence devient secondaire. On est seul mais on vit. Et c'est déjà beaucoup. Il fait beau à Paris.