L'âge du grand n'importe quoi
J'ai parfois la grande inquiétude qu'il n'existe désormais plus d'autre alternative que celle opposant d'un côté les conformistes, les ennuyeux et les insipides, et de l'autre les cinglés pathologiques.
Notre société soumet, formate ou elle rend fou. Le système a réussi l'exploit – marquant peut-être là son triomphe absolu - de transformer ses contestations et ses oppositions en antichambre de Sainte Anne. Jadis, les totalitarismes plaçaient en hôpital psychiatrique des dissidents sains de corps et d'esprit. Aujourd'hui, ils préfèrent laisser en liberté des péroreurs mythomanes, des agitateurs sociopathes, des insoumis schizophrènes, des conspirateurs autistes, des bâteleurs bipolaires et des histrions mégalomanes. Méthode beaucoup plus efficace, il est vrai. La marge n'est plus la radicalité, elle est la confusion et le délire. Un zoo, un cirque peuplé de clowns rigolards et de clowns tristes, parfois sympathiques, parfois même brillants, mais toujours inoffensifs, à part pour eux-même et leurs proches.