Ainsi
Le petit qui dort. Sa mère également. La télé allumée. L'angoisse qui revient avec sa question lancinante : et maintenant ? Sur la table, la vaisselle sale qu'il s'est engagée à débarrasser est un bien piètre interlocuteur. Envie de fumer, de boire. Mais pas possible, interdit. Une clope à la fenêtre, à la rigueur. A condition de bien aérer. Pourtant il faut vite tuer le doute, dissiper le trouble. Car chaque instant de questionnement est un temps de sommeil en moins. Et demain, le réveil implacable sonnera, indifférent à toute chose, à 6h45 pour une nouvelle journée de travail passée à gagner de quoi entourer petit et sa mère d'une sécurité et d'un confort dont on ne lui sera même pas un reconnaissant. Un minimum. Une obligation. Sur les rayonnages des bibliothèques, des livres qu'il n'a plus le temps d'ouvrir. Dans les cadres, des affiches dont il finira par avoir honte. Plus baisé depuis des semaines. D'ailleurs plus tellement envie. Se convaincre, oublier, repartir. Chaque jour comme un nouveau commencement et une nouvelle fin.