A moy que chault!
Amour, haine, révolution
Actualité
"Sens de l'effort"
Je ne fais pas partie des gens qui considèrent que le « travail » est une valeur positive en soi. C'est le sens, l'intérêt, la finalité et l'utilité de celui-ci qui font qu'il devient (ou pas) une activité honorable, respectable, voire admirable. Il est en effet fréquent que des gens « travaillent » beaucoup, voir énormément, à des tâches inutiles, absurdes quand elles ne sont pas carrément néfastes ou même criminelles. Et dans ce cas – à moins de ne raisonner qu'en termes de rentabilité financière – ils ne valent pas mieux (et peut-être même moins) que les « parasites » qu'ils se plaisent si souvent à dénoncer.
Le monde se porterait en effet sans doute mieux sans une certaine frénésie d'activités n'ayant d'autres buts que de satisfaire des ambitions matérielles à jamais inassouvies...
Ceci étant dit, il n'est pas faux que peu de choses s'obtiennent sans « effort » mais il est vraiment tragi-comique d'entendre l'éloge de celui dans la bouche d'un homme à la tête d'un Etat fruit d'un système entièrement construit sur la concussion, le pantouflage, l'endogamie, la prévarication, le copinage, le passe-droit, les sinécures, le piston, les emplois fictifs, l'arrosage de subventions, le conflit d'intérêts, les régimes spéciaux, l'irresponsabilité grassement rémunérée, les parachutes dorés, les planques et privilèges... Ce n'est même plus l'hôpital qui se fout de la charité, c'est le tenancier de bordel qui joue le prude et farouche gardien de la morale publique.
24 décembre
Il est mal habillé, arbore les pommettes tombantes et rougeâtres de celui qui n'est pas abonné à la Badoit à tous les repas. Dans l'arrière salle du bistrot, il vocifère devant l'écran de télévision diffusant les courses hippiques, conspue les « escrocs des journaux de merde qui donnent toujours des pronostics à la con »... Des cadavres de tickets de PMU, immanquablement perdants, gisent à ses pieds … Il respire la demie misère, la dérive, la défaite... A ses côtés, une petite fille, un nœud de tulle rouge mal attaché dans les cheveux. Elle le regarde en souriant, s'amuse de ses énervements, rit de ses invectives... Des yeux immenses et ébahis mangent son visage rayonnant. De temps à autre, entre deux éclats de rire, elle plonge son nez dans une grand tasse blanchâtre pour y dénicher les derniers vestiges de chocolat chaud. Et quand son père revient du comptoir avec un nouveau Picon bière accompagné d'un macaron qu'il lui glisse dans la main, son sourire devient gigantesque et son regard plein de reconnaissance et de fierté... Elle est heureuse, indubitablement. Tout le sordide du lieu, la tristesse du moment lui échappent. C'est un jeu pour elle, un divertissement, un instant de complicité... François Dolto n'apprécierait sans doute pas, mais il y a peut-être là plus d'humanité et d'humble bonheur que dans les yeux délavés et les mines renfrognées de ces gamins arrachant nerveusement, sous le regard enamouré de familles qui les déifient, leur 25e cadeau en espérant qu'il corresponde bien à la liste qu'ils ont dressé de leurs exigences annuelles.
De quoi Halloween est-il le nom?
Peut-être avez-vous reçu, il y a quelques jours, la visite de plus ou moins charmants bambins déguisés réclamant « des bonbons ou un sort ! » ou vu fleurir dans votre voisinage de sympathiques décorations telles que des squelettes ou des citrouilles grimaçantes. En effet, « Halloween » est désormais en France une fête populaire très suivie et bien ancrée dans le calendrier. Mais de quoi ce phénomène relativement nouveau est-il vraiment révélateur ?
Certains s'émeuvent du caractère morbide et parodico-satanique de la chose, d'autres y voient une résurgence païenne de l'antique nuit de Samain, et d'autres encore ne considèrent tout cela que comme une énième et vulgaire foire commerciale. Si ces différentes perceptions ont sans doute chacune leur part de pertinence, elles passent cependant à côté de l'élément le plus fondamental que dévoile le succès d'Halloween : la toujours plus profonde américanisation de notre société.
L'impérialisme culturel américain a longtemps été l'une des préoccupations centrales des milieux patriotes et identitaires jusqu'à ce que le choc migratoire et ses conséquences, notamment l'islamisation, ne la fasse passer au second plan, puis au troisième. Cette omniprésence de la question islamo-migratoire est évidemment tout à fait compréhensible étant donné l’importance et la gravité du problème, sa visibilité quotidienne et ses conséquences violentes, voire tragiques. Il est toutefois regrettable, et préjudiciable à notre combat, que cette question ait presque totalement éclipsée d’autres problématiques toutes aussi cruciales pour l’avenir de nos peuples. Car notre combat est un combat civilisationnel, il ne peut donc pas être monolithique ni mono-causale.
Un poison létal mais indolore
La submersion migratoire est bien évidemment l’une des armes majeures du système à tuer les peuples mais elle n’est pas la seule. L’impérialisme culturel américain en est une autre, tout aussi redoutable et même peut-être plus efficace car plus insidieuse, plus sournoise. Un poison létal mais indolore. Car si l’immigration et l’Islam sont des agressions extérieures qui, de part leur altérité radicale, suscitent encore – du moins chez certains - des réactions d’autodéfense naturelle, l’impérialisme culturel américain, lui, nous ronge de l’intérieur, quasiment à notre insu, tant il est devenu « familier » et « omniprésent » dans nos sociétés, diffusé à jets continus – dès notre berceau - par les médias, les télévisions, les campagnes publicitaires, les films de cinéma... Et cet impérialisme culturel, qui tend à uniformiser, sur l'ensemble de la planète, les modes de vie, de consommation et de perception du monde est l'un des principaux facteurs de la perte d'identité des peuples européens, au premier rang desquels les français, deuxièmes consommateurs mondiaux de MacDonald et de pizzas industrielles type Pizza Hut, clients privilégiés des séries hollywoodiennes du géant Netflix, et nous l'avons vu, grands amateurs des festivités «d'Halloween ».
En 1963, Henry de Montherlant écrivait :« Une seule nation qui parvient à faire baisser l’intelligence, la moralité, la qualité de l’homme sur presque toute la surface de la terre, cela ne s’est jamais vu depuis que le globe existe. J’accuse les États-Unis d’être en état constant de crime contre l’humanité ». Plus de cinquante après, ce constat n'a rien perdu de sa pertinence, bien au contraire.
Prendre conscience de ce danger identitaire et chercher a se prémunir de ses méfaits, ce n'est évidemment pas tendre à dénigrer ou à caricaturer le « peuple américain » - dont les lecteurs de Présent connaissent, notamment grâce à Alain Sanders, certaines des qualités -, mais refuser la « colonisation » de notre imaginaire et de nos vies quotidiennes par une sous-culture mondialiste produite et cornaquée par une infime partie de celui-ci, l'oligarchie financière capitaliste.
Lui résister est donc un impératif de survie, à moins de se résigner à n’être qu’un consommateur lisse et interchangeable, pouvant manger son « Big Mac » et regarder son « Docteur House » aussi bien à Bali qu’à Tokyo, Marrakech ou Berlin…
C’est une lapalissade, mais pour défendre notre identité, il faut d’abord que celle-ci existe. Il est donc indispensable de limiter au maximum l’influence de l’impérialisme culturel américain et de chercher à incarner concrètement, chaque jour, dans toutes les dimensions de notre existence, de nos assiettes à nos divertissements, notre être-au-monde spécifique d’européens et de français.
Xavier Eman (artice paru dans le quotidien Présent)
Présent, jeudi 13 décembre
Bus 38
In Memoriam, nouveau titre!